Selon une information publiée le 29 mai dernier par le quotidien Sud-Ouest, les projets à court terme d’Alibaba concernent la France. Ce géant du e-commerce serait sur le point de s’implanter en Gironde avec la construction d’un centre logistique à Belin-Béliet. Fin avril, Sébastien Badault, le directeur général d’Alibaba France, annonçait déjà que notre pays serait l’un des marchés où la société réaliserait le plus d’investissements en 2020. La marketplace chinoise semble vouloir conquérir le Vieux Continent, ce qui entraînera de grands changements pour les marques, les annonceurs et d’autres plateformes comme Amazon. Mais qu’impliquerait cet atterrissage dans l’Hexagone ?
Qu’est-ce qu’Alibaba ?
Fondé en 1999 par Jack Ma, Alibaba est le géant chinois de l’e-commerce, qui a également déployé son activité dans la finance, le cloud, le cinéma, l’hôtellerie et la restauration. Sa célèbre marketplace, AliExpress, est disponible à l’échelle mondiale dans 230 régions et les chiffres qu’elle enregistre sont éloquents : elle comptabilise plus de 150 millions d’acheteurs actifs et 200 millions de visites mensuelles. Avec 6,5 millions de téléchargements en mars, son application mobile s’est classée deuxième parmi les cinq premières applications de shopping au monde. Omniprésente dans son pays d’origine, la société tisse désormais sa toile logistique en Europe et dans le monde entier jusqu’à devenir le principal concurrent d’Amazon, son homologue américain et leader mondial.
Le Vieux Continent, un choix stratégique dans son développement à l’internationale
Depuis quelques années, l’Europe est la cible de la stratégie de développement international d’Alibaba qui, peu à peu, place ses pions pour s’imposer auprès des consommateurs, mais aussi et surtout des entreprises locales. Ses intentions semblent en effet claires : dominer le marché de l’e-commerce en convainquant les PME européennes d’utiliser ses services.
Chronologie d’une montée en puissance
En 2018, la société de Jack Ma annonçait l’implantation de son premier hub logistique européen à l’aéroport de Liège en Belgique où elle allait investir plus de 100 millions d’euros dans la construction d’un entrepôt de 30 000 m2 sur un site qui en comptait déjà 220 000. Ce centre logistique deviendra sa plaque tournante sur le Vieux Continent à la fin du premier semestre 2021. Depuis lors, elle a également mis en place une ligne ferroviaire reliant Liège à la Chine. Grâce à cette multimodalité air-rail, Alibaba dispose d’un atout considérable pour réduire ses délais de livraison et atteindre son objectif de 72 heures en dehors de ses frontières.
En 2019, elle inaugurait successivement ses premières boutiques physiques d’AliExpress en Europe. Elle avait pour cela choisi l’Espagne, son troisième marché hors des frontières chinoises après les États-Unis et la Russie. La ville de Madrid, puis celle de Barcelone ont donc ouvert leurs portes au géant chinois qui y développe depuis lors son concept de New Retail associant commerce online et commerce offline.
Cette volonté de créer du lien entre online et offline est un principe cher à Alibaba qui souhaite poursuivre son expansion avec des actions physiques lui permettant d’aller au-delà du digital comme l’expliquait Sébastien Badault, le directeur général France du groupe Alibaba, dans une interview au magazine LSA Commerce Connecté fin du mois d’avril dernier. Il y affirmait notamment que « le marché français fait partie de ceux où il y aura le plus d’investissement dans l’année » et ses déclarations laissent tout à penser qu’Alibaba renforcera prochainement sa présence dans le paysage français où il est encore un acteur relativement nouveau.
Des rumeurs d’installation d’Alibaba en Gironde
Fin du mois de mai dernier, le quotidien Sud-Ouest publiait un article annonçant l’implantation d’Alibaba en Gironde. Une information non confirmée par la société, qui envisagerait, selon ce média, de construire une plateforme logistique composée de 71 000 m² de bâtiments sur 19 hectares à Belin-Béliet dans le Val de l’Eyre. Un projet de taille qui s’accompagnerait de la création de 300 emplois directs.
Un bouleversement du paysage des marketplaces françaises
Après l’arrivée de la marketplace AliExpress en France en 2018, son accord avec Relais Colis et l’ouverture de la plateforme aux marques françaises en 2019, la création de ce centre logistique démontrerait, une fois encore, la volonté du groupe de s’imposer en Europe auprès des consommateurs en faisant profiter les entreprises de ses infrastructures digitales, de ses solutions uniques intégrées et de sa portée mondiale leur permettant d’étendre leur présence sur les marchés internationaux.
Il est probable que cette implantation bouleverse le paysage des marketplaces françaises en déstabilisant l’ordre préétabli sur notre marché actuel. Côté flux, nous sommes curieux de voir quel va être le cahier des charges demandé par Alibaba et si les attributs obligatoires seront similaires à ceux de ses principaux concurrents Amazon, Cdiscount, etc.
Quels vont-être les partenaires français avec lesquels Alibaba décidera-t-il de s’allier dans son implémentation technique ?